Pitopractor J'adôôôre le champâââgne !!!
Nombre de messages : 2873 Age : 47 Localisation : MOSCALAND Date d'inscription : 17/01/2006
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| Sujet: POUR MA DIRECTRICE DE CAMPAGNE Mer 14 Fév - 14:21 | |
| - Citation :
- Interview de Christiane Taubira
Christiane Taubira (AF/Eric Feferberg)
En janvier, vous avez intégré l’équipe de campagne de Ségolène Royal, avec le titre de « déléguée à l’expression républicaine ». Ce qui signifie? Ségolène Royal voulait que je sois porte-parole. Je ne le souhaitais pas pour des raisons de totale loyauté : j’ai des combats, une identité politique et culturelle qui me sont propres. Mais ce titre me permet de m’exprimer le plus largement possible, sur tous les sujets.
Quels combats allez-vous défendre au premier chef ? Je demande que la réalité de la diversité soit mieux prise en compte. En 2005 et 2006, l’essentiel des débats ont porté là-dessus. Cette question est désormais posée. La non-politique de service public crée des territoires relégués, où le lien social est d’une extrême fragilité. On a des millions de gens autour de toutes les grandes villes de France qui vivent en marge de la citoyenneté. C’est maintenant un débat public. Toutes ces questions comme celle, fondamentale, de l’éducation, sont prioritaires.
Vous défendez clairement une ligne de gauche ? On gagne en étant clair. Quand Nicolas Sarkozy dit « j’ai changé », qu’est-ce que ça veut dire ? L’engagement politique a un sens ! Ségolène Royal croit à la gauche, c’est pour ça qu’elle est au PS. On ne gagne pas en perdant son identité, même s’il ne faut pas diaboliser les autres. Je ne fais pas une crise de gauchisme, mais je crois aux valeurs de gauche. Ce que dit Ségolène Royal aujourd’hui montre une sensibilité à la question des banlieues, à l’importance de réformer l’éducation. La question de la mixité sociale n’était pas dans les thèmes du PS, il y a un an. Les jeunes des banlieues sont ceux qui accumulent le plus de couches d’exclusions. Mon but, c’est de les inclure. Je me bats depuis des années sur ces terrains-là. Il faut rester fidèle à l’idéal de justice et de liberté, même s’il ne faut plus sortir les vieilles recettes, parce que le monde a changé.
"Le Monde" (du 14 février) écrit que les électeurs d’origine antillaise se sont fortement mobilisés pour vous lors de la présidentielle de 2002, malgré votre discours universaliste et républicain. Voulez-vous drainer cet électorat vers Ségolène Royal, en 2007 ? Il n’y a pas que les Antillais qui ont voté pour moi en 2002: j’ai eu des parrains et des voix partout sur le territoire. Une forte population d’outremer s’est prononcée pour moi, mais aussi des électeurs d’ascendance maghrébine, sans compter des cœurs de villes comme à Paris ou à Lyon, des gens qui se retrouvaient autour d’un même idéal, sans base ethnique. Il s’agit aujourd’hui de drainer tous ceux qui se retrouvent dans cet idéal républicain, profondément enraciné dans les valeurs de gauche. La politique doit se donner les moyens de combattre les inégalités et les injustices. Elle doit donner à chacun les moyens de s’épanouir et de s’engager dans la cité. Dans une société où il y a des vraies mécanismes d’exclusions et de discriminations, cela doit être réaffirmé avec encore plus de force. Ce qui signifie une politique d’éducation volontariste, qui donne les moyens d’assurer la promotion sociale, l’accès au savoir et à la citoyenneté. Une politique de logement qui assure la mixité sociale, une politique de transports qui permette la mobilité … Il faut être conforme à la devise républicaine : « liberté, égalité, fraternité ».
On a dit que vous étiez la « caution morale du CRAN « (comité représentatif des associations noires). C’est vrai ou c’est faux ? Je ne suis pas la caution morale du CRAN, même si je suis allée à certaines de leurs réunions. J’avais dit à des associations morcelées de se fédérer, mais l’idée n’était pas de s’afficher en tant que Noirs. Le CRAN est créé, je n’approuve pas, mais je ne critique pas. Il y a une place pour que les élites se constituent, s’affichent en tant que telles et proclament : puisque vous nous refoulez en tant que Noirs, nous nous affichons comme Noirs. Mais je ne veux pas mettre un milligramme d’énergie là dedans.
En 2002, vous avez été accusée d’avoir contribué à faire perdre Lionel Jospin, en vous présentant à l’élection présidentielle sous l'étiquette PRG (radicaux de gauche)... Ca fait cinq ans qu’on m’accuse d’avoir fait perdre Lionel Jospin ! Personne ne lui demande, à lui, comment il a fait pour perdre deux millions d’électeurs entre 1995 et 2002 ! Même si j’ai du respect et de l’estime pour lui, c’est Jospin qui est responsable de l’échec de Jospin ! C’est la qualité de mon programme qui a déterminé 700.000 électeurs en vingt jours - le temps de la campagne officielle, le seul qui m’ait été donné - à voter pour moi. C’est une violence terrible, celle qui nie votre droit à être présent. Le dixième n’a pas été reproché à Jean-Pierre Chevènement. Et si je continue depuis 2002 à me battre en politique, alors que ma capacité de travail et mes compétences sont largement reconnues sur le plan professionnel, c’est pour tous ceux à qui on renvoie à la figure qu’ils n’ont pas leur place, et qui ne savent pas, eux, se défendre.
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